Un article de Yazid Arifi


7 semaines après avoir ouvert ses portes, l’heure est venue pour l’École Démocratique de Paris de prendre ses premières vacances. Ce cap est l’occasion idéale pour l’inauguration de son blog, qui sera la tribune depuis laquelle les membres de l’école partageront leurs analyses et réflexions, afin d’apporter leur humble pierre à l’édifice de l’éducation démocratique à la française, dont l’histoire est en train de s’écrire à une vitesse inouïe !
A ce titre, qu’il nous soit permis de rendre hommage aux courageux pionniers qui, comme nous, ne ménagent pas leurs efforts aux quatre coins de la France pour que soit entendu le message porté par l’éducation démocratique, un message chargé de l’espoir qu’une école et un monde meilleurs soient possibles.
7 semaines d’existence donc, et les esprits déjà chargés de souvenirs, d’émotions et d’idées pour l’avenir. 7 semaines au cours desquelles l’Ecole Démocratique de Paris a plus que doublé ses effectifs, passant de 8 membres à 18 membres de 3 à 41 ans, une évolution révélatrice du grand enthousiasme généré par l’éducation démocratique dans la région parisienne.
Car enfin, il faut l’avouer, au risque de dévoiler au grand jour la chance et le privilège qui sont les nôtres : vivre la démocratie, la véritable démocratie, cela rend heureux. A une époque où l’injonction formulée aux individus dès leur plus jeune âge est celle de l’obéissance inconditionnelle et de l’acceptation de l’intolérable, quel bonheur de voir les têtes des enfants et des adultes se relever ! Quel plaisir de voir des gens d’âges et d’horizons aussi différents redécouvrir pour leur propre compte l’intemporalité de l’insoumission et prendre en main leur vie !
A l’École Démocratique de Paris, nous avons donc trouvé le moyen de faire de l’école un lieu où les enfants viennent avec plaisir et entrain, et un lieu de travail enfin épanouissant pour les adultes. Miracle, donc ? Pas vraiment. En réalité, là où les collectifs de travail scolaire ou professionnel « classiques » enferment les individus dans le carcan de la coercition, de la compétition et de l’individualisme, chacun étant invité à se plier aux normes et à vivre par-devers soi les éventuels désaccords qu’il pourrait avoir avec ces dernières, l’Ecole Démocratique de Paris s’efforce de créer un lien social d’un genre particulier, libéré des contraintes de la hiérarchie et de l’atomicité. Dans cette école, les maîtres-mots sont donc « égalité », « solidarité », « coopération » et « bienveillance ».
Ce lien social s’appuie sur un mode d’organisation de la vie collective dont les principes fondateurs ont été imaginés il y a plus de deux siècles. Il s’agit de l’autogestion, forme la plus aboutie de l’application des idéaux promus par la Révolution française de 1789. L’autogestion repose sur un principe extrêmement simple, celui de la souveraineté démocratique : rien ne peut justifier que quelqu’un s’arroge le droit de décider pour autrui. Cette idée est au fondement de la modernité politique et ne souffre a priori aucune contestation…ce qui rend d’autant plus surprenant le fait qu’au 21ème siècle, on admette sans broncher que l’essentiel de notre vie éveillée soit régie par des rapports d’obéissance et de soumission !
A cette incohérence, l’École Démocratique de Paris apporte donc sa solution : démocratie radicale ! Tout ce qui a trait à la vie en collectivité se décide collégialement et démocratiquement, du règlement intérieur aux sorties scolaires, en passant par la gestion des ressources financières et l’intégration de nouveaux membres. Et le corollaire de cette égalité…c’est la liberté ! Dans cette école, le « racisme de l’intelligence » est récusé, et c’est la raison pour laquelle l’ingérence dans la vie d’autrui au nom d’une « expertise » ou d’une « connaissance » réputée supérieure est proscrite : chacun est libre de vivre son existence comme il l’entend, en s’intéressant aux sujets qui lui plaisent et en se fixant ses objectifs propres.
Du caractère autogéré et démocratique du fonctionnement de l’école dérive ce sentiment si particulier d’être « chez soi »… Or y a-t-il endroit plus propice au développement et à l’épanouissement personnels que le lieu de vie dont on se sent copropriétaire et co-responsable ?
Égalité, liberté, souveraineté et citoyenneté mis au service de l’épanouissement collectif et de la poursuite du bonheur… Aucun doute, la république des enfants est née !